Intenable Stromae. L’artiste belge d’origine rwandais a signé une interview passionnante au magazine « Jeune Afrique ». Stromae évoque évidemment le décès de son père pendant le génocide de 1994 et son attachement à l’Afrique.
Stromae : « Je ne veux pas jouer à l’Africain »

Stromae. De son véritable nom Paul Van Haver est le phénomène musical de l'année 2013. L'artiste belge a signé un retour fracassant sur le marché du disque après le succès de son précèdent titre « Alors on danse ». Son album « Racine Carré » est proche aujourd’hui des deux millions de vente en France et les single « Papaoutai », « Formidable » ou encore « Tous les mêmes » rencontrent toujours le même succès. Un véritable triomphe pour Stromae qui désormais vise le public américain et prépare une tournée aux Etats-Unis.
Mais avant de s’installer outre-Atlantique, Stromae a rendez-vous avec ses origines, l’Afrique. Fils d’un architecte rwandais décédé pendant le génocide d’avril 1994. Une absence évoquée évidemment dans le titre « Papaoutai » et un attachement à l’Afrique évoquée dans le titre « Humain à l’eau » qui dénonce notamment le colonialisme.
Stromae "Je suis de nulle part"
Pas question toutefois pour Stromae de transformer son attachement à l’Afrique en véritable combat ou culture à revendiquer. Au cours d’un entretien passionnant pour « Jeune Afrique », le chanteur développe son positionnement. « Je connais cette attente, elle me fait peur. Comment vais-je vivre ce choc qui sera aussi une confrontation avec une part de moi-même? J'ai appris à me méfier, presque instinctivement, de l'image que les médias occidentaux renvoient de l'Afrique. Mais en même temps, avec beaucoup d'humilité, je sais que j'ai encore tout à apprendre. Je me souviens d'un voyage à Abidjan, il y un an afin d'y rencontrer des musiciens pour mon album "Racine Carrée". J'ai débarqué de l'avion en pensant y trouver une carte postale avec cases et palmiers et je me suis retrouvé nez à nez avec les immeubles du Plateau, ce mini-Manhattan. Je me suis dit : Paul, tu es encore loin, sors de ta tanière. Une autre Afrique existe, qui n'est ni misérable, ni pitoyable », précise Stromae.
Le chanteur revient également sur le décès de son père et son incapacité encore actuelle à fouiller sur le passé de son père. « Cette histoire-là m'est personnelle et quand j'irai sur les traces de mon père disparu je voudrais être seul et surtout pas médiatisé. Je ne suis pas Stromae, juste le petit Paul à la recherche de son papa. Cela n'appartient qu'à moi. Je ne suis ni un symbole ni un porte-drapeau », explique Stromae qui affirme se sentir africain "Génétiquement à 50%. Culturellement à 40%/. "
"Encore une fois c'est une affaire de pudeur. Je ne veux pas jouer à l'Africain, débarquer sur scène avec un 'salut mes frères et soeurs' tomber dans les clichés du retour aux racines et du 'I love Africa' alors que toute mon éducation, mon 'making of' je les ai reçu en Belgique, entre les quartiers nord de Bruxelles, et un pensionnat de jésuites en Ardenne. Sur le plan musical, c'est vrai je n'ai jamais été aussi proche de l'Afrique, mais je ne suis pas plus africain que je suis européen. Je suis de nulle part », conclu Stromae d’une honnêteté rare.
L’artiste qui sera à Alger le 30 mai prochain, à Rabat le 2 juin et à Tunis le 11 août, envisage une tournée en Afrique subsaharienne pour 2015
Par Non Stop People TV

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